Le MVL : Quel est votre parcours ?
Damien Lherbette : Après avoir travaillé dans la taille de pierre pendant une dizaine d’années, j’ai d’abord fait une formation dans la commercialisation des vins au lycée professionnel de Montreuil-Bellay pendant huit mois. Puis j’ai ouvert la cave en 2009 dans le centre du village de Candes-Saint-Martin en débutant avec une soixantaine de références de Loire et d’ailleurs choisies selon mes critères : vins de vignerons paysans, propres, sans intrants).
En 2012, je change de lieu, toujours dans le village mais mieux placé, en bord de Brenne, et je développe le côté bar à vin avec petite restauration de produits locaux et de terroirs.
Le MVL : Comment sélectionnez-vous les vignerons avec lesquels vous travaillez ?
D. L. : Je suis attentif aux vignerons respectueux de l’environnement et à ceux qui vinifient sans intrant œnologique. C’est avec ceux-là que j’ai envie de travailler. Je me déplace dès que je peux pour les rencontrer, je reste toujours à leur écoute, attentif à tout ce qu’ils peuvent me transmettre. Pour chaque millésime, je déguste leurs vins avant de les sélectionner.
Le MVL : Quelle est la proportion de vins de Loire parmi votre offre ?
D. L. : Les vins du Val de Loire représentent environ 70% des vins proposés à la cave.
Le MVL : Quelles sont les tendances de votre clientèle en terme d’achat de vins de Loire ?
D. L. : Je vends surtout du Chinon rouge et du Bourgueil (les appellations les plus proches) car je suis situé dans l’aire AOP CHINON. Les clients ont tendance à vouloir découvrir de plus en plus de vins blancs. Pour les vignerons les plus plébiscités, Fred Sigonneau, Etienne de Bonnaventure, Bertrand Galbrun, Xavier Amirault sont quelques incontournables de la cave, mais il y en a bien d’autres.
Le MVL : Selon vous, qu’est ce qui fait la spécificité des vins de Loire par rapport aux autres « régions » viticoles françaises ? Quel en est le dénominateur commun ?
D. L : Pour moi, ce qui fait la spécificité des vins de Loire, c’est leur côté digeste et aérien que n’ont pas forcément les régions sudistes, ainsi qu’un bon rapport qualité/prix. Le dénominateur commun leur buvabilité et leur aisance à s’accorder avec les plats. La richesse de la Loire, c’est la grande diversité de terroirs et de cépages.
Le MVL : Parmi vos références, pouvez-vous nous citer quelques coups de cœur du moment ?
- Coëf 2014 de Sébastien David (AOC Saint Nicolas de Bourgueil) : un cabernet vinifié en amphore, d’une belle densité, étiré et élancé sans démonstration, une belle concentration de cabernet-franc. Il va bien sur une viande blanche. Sébastien David, toujours à l’affût de nous surprendre avec des cuvées singulières.
- Entre deux Voyes 2014 (AOC Saumur) de Richard Desouche : un superbe chenin, frais, avec une belle allonge, du gras et de l’acidité qui participent à l’équilibre. Sublime harmonie, parfait sur un poisson en sauce. Richard Desouche, le P’tit Domaine, est un excellent vigneron de Loire dont on ne parle pas toujours assez à mon sens. Il fait des vins élégants et de belle complexité, maîtrisant l’élevage.
- Eolithe 2015 (AOC Saumur) de Guillaume et Adrien Pire, Château de Fosse-Sèche : un cabernet fin et élancé comme je les aime. Ça “pinote” presque. Un cabernet sanguin et surprenant à découvrir sur un petit gibier.
Le MVL : Pour finir, quelques noms de jeunes vignerons de Loire en devenir, des découvertes à suivre ?
D. L : J’aime beaucoup deux jeunes vignerons qui vinifient avec grande précision : Pierre Ménard en Anjou et Aurélien Revillot à Bourgueil. Ils font déjà de très bonnes choses et ils continueront à faire parler d’eux à mon avis.